Photo credit: Lorenzo Moscia
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Fonds pour la résilience : comment l’EUMC se sert des transferts de fonds pour appuyer l’éducation des filles pendant la pandémie de la COVID-19

De plus en plus, les systèmes d’éducation sont mis au défi d’offrir des services d’éducation dans des contextes défavorables, touchés par exemple par des catastrophes naturelles, des crises politiques, des épidémies, de la violence institutionnalisée et des conflits armés. L’année 2020 ne fut pas une exception, alors que les systèmes de santé à l’échelle mondiale ont eu de la difficulté à s’adapter aux effets persistants de la pandémie de la COVID-19. Au Kenya, le premier cas de COVID-19 a été détecté le 13 mars 2020, ce qui a engendré la fermeture des écoles et des entreprises et qui a, par le fait même, menacé les progrès réalisés par le passé en lien avec l’éducation des filles. Pour remettre les choses en contexte, les conclusions d’une récente évaluation menée par les donatrices et donateurs ont montré qu’au Kenya, la perte des acquis équivaut en moyenne à 2,4 années d’apprentissage pour les mathématiques; et bien qu’il y ait une variation substantielle pour la lecture, une moyenne de 3,5 années d’apprentissage antérieur a été perdue (GEC, 2021). Dans ces types de contextes, l’éducation peut aider à atténuer les risques d’une telle adversité en fournissant un environnement sûr et stable où les enfants et les jeunes peuvent réussir et s’épanouir (Groupe de la Banque mondiale, 2016).

Réponse de l’EUMC à la COVID-19 : ajustements apportés à notre modèle de transferts de fonds

Depuis 2013, l’EUMC met en œuvre le Kenya Equity in Education Project (KEEP), qui vise à améliorer l’accès des filles à une éducation dans les camps de personnes réfugiées de Kakuma et de Dadaab et dans les communautés d’accueil. Financé par le United Kingdom’s Foreign Commonwealth and

Development Office (FCDO), par l’entremise du Girls Education Challenge (GEC), le programme KEEP-II met l’accent sur des transferts de fonds, des formations pour le corps enseignant, des cours d’appoint, de la diffusion de masse dans les médias, des activités de mobilisation communautaire, des consultations psychosociales et des formations pratiques pour la vie quotidienne. Dans le cadre de ce projet, 2500 familles reçoivent des transferts de fonds, qui servent à les encourager à soutenir l’éducation des filles et à les protéger des effets de la pauvreté extrême. En réponse aux dangers inhérents à la COVID-19 que les apprenantes et apprenants, surtout les filles, auraient pu rencontrer, les responsables du projet KEEP-II ont adapté la prestation des transferts de fonds pour veiller à ce que les bénéficiaires reçoivent un soutien suffisant pendant la crise. Cela a aidé à renforcer la résilience (la capacité de se remettre rapidement d’une crise et de retourner à l’école lors de la réouverture) et a encouragé la participation étudiante continue et la fidélisation une fois la période de crise terminée et les écoles réouvertes. L’adaptation des transferts de fonds visait à faciliter les versements rapides aux familles et à augmenter le nombre de bénéficiaires ciblés passant de 2500 à 3000 et le montant à débourser à 3000 shillings du Kenya. L’équipe KEEP a mobilisé de nombreux organismes gouvernementaux et entreprises du secteur privé, principalement le Refugee Affairs Secretariat (RAS) et Safaricom, afin d’œuvrer à l’élimination des obstacles à l’utilisation de la M-PESA pour payer les personnes réfugiées.

Leçons tirées de l’adaptation des transferts de fonds à la situation engendrée par la COVID-19

Les perturbations liées à la COVID-19 ont touché la plupart des apprenantes et apprenants qui n’étaient pas en mesure de se présenter à l’école au Kenya. Malgré les défis rencontrés dans notre contexte, nos données de surveillance montrent qu’un plus grand nombre d’apprenantes et d’apprenants qui ont bénéficié des transferts de fonds sont retournés à l’école. Les bénéficiaires des transferts de fonds étaient en fait trois fois plus susceptibles d’être présents en classe après la réouverture complète des écoles pendant le dernier trimestre de 2020 et le premier trimestre de 2021. Les familles ont investi la majorité de leur argent dans l’apprentissage, soit pour payer les frais associés à des cours privés, du matériel de révision ou des uniformes (35,6 % des familles), acheter de la nourriture, des vêtements et d’autres articles personnels nécessaires (34,1 %) et veiller à ce que les filles aient accès à des protections sanitaires et à ce qu’elles soient en mesure de se procurer des médicaments et de l’équipement de protection individuelle comme des masques (30,3 %). De plus, nous avons observé que les transferts de fonds ont également servi de mesures de protection contre des mécanismes d’adaptation négatifs, comme l’exploitation des enfants par le travail, les mariages forcés, les relations sexuelles transactionnelles, les crimes mineurs et la consommation de drogue.

En résumé, nous remarquons que la décision de modifier les modalités de fonctionnement habituelles des transferts de fonds semble avoir eu des répercussions positives sur les ménages et promu le retour à l’école. Les preuves que nous avons montrent que les familles ont été capables d’alléger le fardeau à la maison, de satisfaire les besoins fondamentaux et scolaires des filles, et de réduire les mécanismes d’adaptation négatifs qui touchent les filles de façon disproportionnée.


(6) Après la fermeture des écoles pendant la pandémie de la COVID-19, des préoccupations ont été soulevées au sujet des conséquences de cette interruption des enseignements sur l’apprentissage des élèves. On s’attend à ce que la plupart d’entre eux accusent un retard de plusieurs années pour retrouver les acquis scolaires de leur niveau.
(7) Le projet KEEP-II a débuté en avril 2017 et se terminera en septembre 2022.
(8) Avant la COVID-19, l’EUMC a mis en place les transferts de fonds offerts selon les présences. Cependant, les familles n’étaient pas restreintes quant à l’utilisation des fonds, tant qu’ils servaient à atténuer le fardeau lié à l’envoi des filles à l’école.
 (9) Safaricom est un opérateur de réseau mobile kenyen ayant son siège social à Nairobi, au Kenya. Il est mieux connu comme le siège de M-PESA, un service bancaire mobile fondé sur les textos.
(10) En raison des exigences de Know Your Customer (KYC), les personnes réfugiées n’avaient pas le droit de posséder des lignes M-PESA enregistrées, mais notre engagement avec le RAS a déjà permis d’éliminer cette barrière.

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