En souvenir de Bill McNeill (1936 – 2018)
Hommage rendu par Ian Smillie
Bill McNeill, qui a fait figure de pionnier au Canada dans le domaine du développement international, est décédé à Victoria, le 25 mars, à l’âge de 82 ans.
Le travail de Bill en développement international a commencé par une affectation au Nigéria, avec CUSO, en 1964. Il y a enseigné à l’école secondaire Santa Crux d’Umuahia, dans l’est du Nigéria. En 1966, il est devenu le premier employé de l’organisation à temps plein sur le terrain, au Nigéria, chargé de l’élargissement le programme à tout le pays. En 1968, il est rentré au Canada afin de gérer le Programme de l’Afrique de l’Ouest de CUSO alors en pleine expansion. Il est ensuite devenu gestionnaire des opérations canadiennes pour CUSO. Pendant toutes ces années, Bill a joué un rôle déterminant dans la professionnalisation de CUSO, de sa stabilisation financière et l’avancement des projets dans un contexte de débats canadiens difficiles à propos de la guerre civile au Nigéria et des luttes pour la libération en Afrique australe.
En 1974, Bill a quitté CUSO pour prendre la tête de l’EUMC, passant de l’une des plus grandes ONG au Canada à l’une des plus petites. À cette époque, l’EUMC avait seulement trois employé-e-s qui partageaient un petit bureau sur la rue Chapel, à Ottawa. Grâce aux compétences et aux connaissances qu’il avait acquises auprès de CUSO, et à son engagement à créer des occasions de développement pour les Canadiennes et les Canadiens, Bill a donné un nouvel élan à l’EUMC, établissant la présence de l’organisation sur les campus dans tout le Canada et créant un programme d’envoi de volontaires dont le nombre a vite dépassé celui de CUSO. Il a mis sur pied le Programme d’étudiants réfugiés qui, à ce jour, a amené au Canada plus de 1 700 jeunes étudiant-e-s originaires de près de 40 pays, et a créé des programmes de développement financés par le gouvernement canadien et d’autres donateurs et donatrices dans près de deux douzaines de pays à travers le monde.
À CUSO, et plus tard à l’EUMC, Bill a recruté et accompagné plusieurs personnes qui sont ensuite elles-mêmes devenues des chefs de fil des efforts du Canada dans le domaine du développement international, se servant parfois de ses talents de cordon bleu dans le processus. En 1968, j’ai été appelé à Freetown alors que j’étais en poste à Koidu, au Sierra Leone, pour une entrevue sur le terrain avec Bill. Après ce qui semblait une discussion non concluante, Bill m’a demandé de préparer le repas à la maison des employés de CUSO. Il m’a dit : « Tu prépares les entrées. » Je n’étais pas un cuisinier, mais j’ai compris que lui l’était, alors j’ai trouvé une recette de vichyssoise — une soupe froide à base de pommes de terre — et je l’ai faite. Ça ne devait pas être très bon — je n’avais pas de poireaux —, mais je suis sûr, encore aujourd’hui, que c’est ce qui a fait pencher la balance en ma faveur.
Plusieurs années — et plusieurs repas plus tard —, Bill a préparé un souper spécial, chez lui, Ottawa pour les anciennes et anciens du Séminaire international annuel de l’EUMC qu’il avait redynamisé. Parmi les personnes présentes se trouvaient le premier ministre Pierre Eliott Trudeau et le solliciteur général Robert Kaplan, tous deux des participants au séminaire du Ghana en 1957. Parmi les autres invités de renom se trouvaient le sénateur Eugene Forsey et d’autres ministres dont Donald Johnston, Warren Allmand et Marc Lalonde. En fait, ce soir-là, la moitié du cabinet fédéral mangeait chez Bill. Et personne n’a été obligé de préparer les entrées.
Bill a quitté l’EUMC en 1991 et a déménagé à Victoria quelques années plus tard avec son conjoint de longue date, Robert Sterling. Leur départ a été une perte pour leurs innombrables ami-e-s d’Ottawa, mais Bill restera dans la mémoire de toute une génération de personnes dont la carrière en développement international a commencé par une première entrevue avec lui.
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Cliquez ici pour lire l’avis de décès de Bill et ici pour l’hommage dans le Globe & Mail [articles en anglais seulement].