Explorer l’innovation dans l’éducation des réfugiées et réfugiés au Kenya à travers le Humanitarian Education Accelerator
Le Humanitarian Education Accelerator (HEA) est un fonds multidonateurs innovant qui investit dans la recherche pour aider à améliorer notre compréhension collective de la façon dont les projets pilotes peuvent être transformés en initiatives éducatives adaptables pour les personnes réfugiées et les communautés déplacées dans le monde. Le HEA est financé par le ministère britannique du Développement international, le HCR et l’UNICEF.
Notre conseillère en éducation, Stephanie McBride, s’est entretenue avec notre gestionnaire du suivi et de l’évaluation au Kenya, Timothy Kinoti, qui a joué un rôle important dans la mise en œuvre du projet triennal de l’EUMC avec le HEA. Kinoti a travaillé avec l’EUMC pendant quatre ans et est chargé de recherche en évaluation d’impact à la Banque européenne d’investissement.
McBride : Quel est le problème que le HEA essaie de résoudre ?
Kinoti : Le HEA essaie de construire une base de données rigoureuse sur ce qui fonctionne dans le domaine de l’éducation et de nous aider à intensifier les interventions pour faire face à l’ampleur du problème. Alors que les crises de déplacement dans le monde ne cessent de s’aggraver, il est plus important que jamais de comprendre et de développer le corpus de connaissances sur la manière d’assurer efficacement l’éducation dans les situations d’urgence à l’échelle mondiale. Avec plus de 70 millions de personnes déplacées dans le monde, nous risquons de perdre une génération de jeunes qui n’auront pas eu accès à l’éducation.
M : Quelle solution l’EUMC a-t-elle étudiée avec le soutien du HEA ?
K : Au cours des six dernières années, l’EUMC a mis en œuvre un programme de rattrapage scolaire qui offre aux filles qui ne réussissent pas bien à l’école la possibilité d’étudier pendant la fin de semaine. Les classes de rattrapage visent à améliorer les résultats d’apprentissage des filles, à accroître la rétention scolaire et à améliorer les taux de transition vers les études secondaires. Les filles travaillent avec une tutrice ou un tuteur formé et dans une salle de classe entièrement réservée aux filles, ce qui leur donne un espace et du temps pour se concentrer sur leur travail scolaire.
Nous mettons en œuvre des mesures de rattrapage de deux façons légèrement différentes, par le biais de deux programmes différents : l’un financé par le département d’État des États-Unis et l’autre par le Girls’ Education Challenge. Le programme du HEA étudiait le programme de rattrapage tel qu’il est mis en œuvre dans le cadre de notre initiative financée par le département d’État des États-Unis, un programme plus petit et qui comporte moins d’interventions complémentaires aux mesures de rattrapage.
L’EUMC travaille avec le HEA depuis 2017 pour fournir des preuves sur l’impact du programme de rattrapage scolaire. L’équipe de l’EUMC au Kenya a également reçu de l’encadrement et du mentorat par l’entremise du HEA pour améliorer sa capacité d’évaluation et d’adaptation des programmes de développement. Les American Institutes for Research (AIR) ont été désignés comme mentor de l’EUMC, et nous avons travaillé en étroite collaboration avec leur équipe pour concevoir et mettre en œuvre des méthodes mixtes de recherche d’impact dans les camps de réfugié.e.s de Dadaab et Kakuma au Kenya. De plus, l’EUMC a reçu du mentorat sur la façon d’utiliser les données probantes générées pour adapter le modèle de rattrapage. L’EUMC et l’équipe des AIR ont eu recours à des essais contrôlés aléatoires et à la conception de discontinuité par régression pour évaluer l’impact du programme de rattrapage, et ont couplé cela avec des méthodes qualitatives rigoureuses pour mieux comprendre chaque composante du projet.
M : Quels sont les trois plus importantes leçons que l’EUMC devrait retenir de cette expérience afin de guider sa programmation ?
K : Toute l’équipe de l’EUMC au Kenya a eu une formidable expérience d’apprentissage grâce au HEA et a été exposée à de nouvelles méthodes d’évaluation et à des occasions de partager l’impact de ses programmes. Nos trois plus importantes leçons sont :
1. Notre programme de rattrapage scolaire a le potentiel de changer des vies : L’approche du HEA a décomposé notre modèle de rattrapage en ses composantes, comme la formation du personnel enseignant et l’environnement en classe, pour mieux comprendre l’impact individuel de chaque composante et comment elles fonctionnent toutes ensemble. Nous avons appris que le programme de rattrapage a un grand potentiel de produire des résultats d’apprentissage statistiquement significatifs chez les filles dans des foyers où la sécurité alimentaire est assurée. Cela signifie que nous devons renforcer la complémentarité de nos interventions — en jumelant, par exemple, les transferts de fonds et l’éducation de rattrapage — afin de renforcer notre impact sur la vie des filles.
2. Les évaluations d’impact doivent être adaptées au contexte des personnes réfugiées : Dans des contextes précaires (comme les contextes de réfugié.e.s prolongé.e.s dans lesquels l’EUMC opère), il peut être difficile de mettre en œuvre des méthodes d’évaluation rigoureuses comme les essais contrôlés aléatoires en raison de la difficulté de recontacter les participantes et des considérations éthiques. Grâce à notre travail avec les AIR par le biais du HEA, l’équipe de suivi et d’évaluation de l’EUMC au Kenya a été dotée d’une toute nouvelle série d’outils et de compétences pour mettre en œuvre d’autres approches d’évaluation rigoureuses quasi expérimentales, telle que l’analyse différentielle, qui sont faciles à appliquer aux contextes difficiles.
3. Les systèmes numériques peuvent grandement améliorer la collecte de données : La collaboration avec le programme du HEA nous a aidé à améliorer la qualité de nos systèmes actuels de collecte de données numériques. Les équipes de l’EUMC et des AIR ont procédé à des vérifications mensuelles pour appuyer la détection précoce des défis liés au système numérique et le dépannage en équipe collaborative. De plus, l’adoption du suivi numérique des présences nous a permis d’assurer un suivi rapide des filles qui sont à risque d’abandonner leurs études.
M : Comment l’EUMC adapte-t-elle son programme de rattrapage scolaire en réponse au HEA ?
K : L’EUMC est heureuse de présenter une nouvelle série d’améliorations et d’adaptations de ses programmes de rattrapage à la suite des leçons apprises dans le cadre du HEA.
Premièrement, l’EUMC adaptera la conception de son programme de rattrapage afin de maximiser son impact. Grâce à l’évaluation du HEA, nous avons appris que les programmes de rattrapage scolaire ont un plus grand potentiel d’impact sur les filles issues de foyers en sécurité alimentaire. Par conséquent, nous appliquons ces connaissances dans notre initiative financée par le Girl’s Education Challenge en ciblant les plus marginalisées grâce aux autres interventions complémentaires de l’EUMC, comme les transferts conditionnels de fonds, qui peuvent contribuer aux besoins des ménages, notamment en permettant des repas nourrissants. Ce lien important avec le programme de transfert de fonds de l’EUMC nous permet de « doubler » les interventions pour en approfondir l’impact. L’étude d’impact a également démontré la valeur de la co-création d’une recherche avec les membres de la communauté. L’EUMC continuera d’investir dans l’appropriation communautaire dans tous ses projets.
Deuxièmement, l’EUMC adaptera la structure de la formation du personnel enseignant de rattrapage. Nous avons appris par le biais du HEA que le personnel enseignant de rattrapage a besoin de plus d’aide pour concevoir le contenu de leurs séances hebdomadaires d’une manière qui comble vraiment les lacunes des apprenantes, aussi avons-nous restructuré nos modules de formation pour répondre à ce besoin. Nous avons également mis en place des outils d’observation en classe axés sur les compétences pour encadrer et soutenir les enseignantes et enseignants de rattrapage.
Enfin, l’EUMC enthousiaste à l’idée d’appliquer de nouvelles compétences en évaluation afin de mesurer continuellement ses programmes. Les leçons tirées de l’HEA permettront à l’EUMC d’évaluer, de remanier ou de perfectionner ses programmes et d’approfondir notre impact. À mesure que l’EUMC élargit ses activités d’enseignement dans d’autres pays d’Afrique de l’Est, comme le Soudan du Sud et l’Ouganda, nous tiendrons compte des conclusions de l’HEA pour concevoir de nouvelles composantes de projet et nous tiendrons également compte de ce que nous avons appris au sujet de la gestion adaptative. Nous avons beaucoup appris de HEA, et sommes exaltés pour la prochaine phase de notre travail!
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