« Pas un fardeau »: comment cet organisme dirigé par des personnes réfugiées « altère la perception » des personnes réfugiées partout dans le monde.
Par Neha Chollangi
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Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé la première fois, les organismes de personnes réfugiées de tout le Kenya ont reçu l’ordre du gouvernement de fermer leurs portes. Pour les personnes réfugiées vivant en milieu urbain à l’extérieur des camps de personnes réfugiées, elles n’avaient nulle part où aller pour trouver les produits de première nécessité, qu’il s’agisse d’un soutien médical ou de nourriture et de fournitures de tous les jours.
Biaba Bizo, coordonnateur de programme à l‘AFRIKANA, un organisme dirigé par des personnes réfugiées basé à Nairobi au Kenya, dit qu’au début de la COVID-19, les personnes réfugiées ne pouvaient se rendre que dans les camps de personnes réfugiées pour obtenir de l’aide. Pourtant, la plupart des routes étant bloquées, il était de plus en plus difficile pour quiconque de se déplacer d’un endroit à un autre.
Bien que l’AFRIKANA ne pouvait pas garder ses portes ouvertes officiellement et continuer à fournir des services à la population locale des personnes réfugiées, l’organisme s’est associé à des églises locales et à l’Open Society Foundation (OSF) pour aider les personnes réfugiées touchées par la COVID-19.
« Pendant cette période, nous avons collecté de la nourriture, des articles médicaux et des articles sanitaires, puis nous avons pu les distribuer », explique Bizo, qui ajoute que le bureau de l’AFRIKANA n’était pas officiellement ouvert à ce moment-là, mais il y avait du personnel qui distribuait ces articles en toute sécurité aux personnes venues à leurs locaux. Les gens pouvaient récupérer rapidement des objets à l’extérieur du bureau et rentrer chez eux.
Le programme de réponse à la COVID-19 de l’AFRIKANA n’est qu’un exemple parmi d’autres de la manière dont les organismes dirigés par des personnes réfugiées peuvent comprendre les besoins immédiats de la communauté locale et de personnes réfugiées et agir rapidement pour répondre à ces besoins à ce moment précis. L’organisme a été créé en 2013 par un groupe de personnes réfugiées qui voulaient s’aider eux-mêmes à survivre dans les zones urbaines, en dehors des camps de personnes réfugiées.
La programmation de l’AFRIKANA se concentre sur quelques domaines principaux pour aider les personnes réfugiées, le développement économique, l’intégration avec les communautés locales et l’éducation.
Certains de ces programmes incluent « Go Girl », qui sensibilise et soutient les jeunes femmes victimes d’agressions sexuelles, de grossesses précoces, de mariages précoces et de toxicomanie. L’Accelerated Education Program (AEP) assure la scolarisation des enfants dont l’éducation a été interrompue; la formation en art et en couture enseigne aux personnes participantes comment coudre et tailler et comment utiliser ces compétences pour démarrer leur propre entreprise; et le programme Re:Build (mis en œuvre à Nairobi et Kampala, en Ouganda) et vise à atteindre environ 20 000 personnes, en les aidant avec un soutien à l’emploi et l’accès aux services sociaux.
Future of Good a parlé à l’AFRIKANA sur la situation actuelle des personnes réfugiées au Kenya, le travail minutieux d’intégration des personnes réfugiées et les défauts au niveau des enjeux de localisation dans le secteur de la coopération internationale à l’échelle mondiale.
Les personnes réfugiées en zones urbaines ont besoin de beaucoup plus de soutien alors que les camps prévoient de fermer
Bizo explique que toutes les personnes réfugiées au Kenya sont tenues de vivre dans les camps de personnes réfugiées « mais une fois que vous recevez une autorisation spéciale de pouvoir vivre en ville, vous êtes considérée comme étant une personne qui peut prendre soin d’elle-même, donc tout ce soutient et cette assistance que les personnes réfugiées sont censées recevoir gratuitement, elles n’y ont plus accès »
Une fois qu’elles vivent en milieu urbain, les personnes réfugiées doivent lutter pour trouver un emploi, un endroit où vivre et trouver des possibilités d’éducation pour leurs enfants. Bizo dit que la majorité des personnes réfugiées vivant dans la ville ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin.
« Il y a des bureaux dans des installations urbaines ou dans des villes qui sont censés aider les personnes réfugiées, mais ils aident celles qui prouvent qu’elles sont très, très vulnérables. Elles n’ont rien d’autre à faire et elles peuvent mourir si elles n’obtiennent pas cette aide du bureau – ce sont les gens que [la plupart des organismes de personnes réfugiées] regardent», explique Bizo. « La plupart des personnes réfugiées urbaines sont isolées et doivent trouver des moyens de survie. »
Le besoin de soutien pour les personnes réfugiées urbaines ne fera que s’exacerber cette année alors que le gouvernement kenyan s’apprête lentement à fermer deux grands camps de personnes réfugiées dans le pays qui abritent plus de 400 000 personnes.
Dans une déclaration commune du gouvernement kényan et du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDHNU), ils ont déclaré que la raison de la fermeture était que « les camps de personnes réfugiées ne sont pas une solution à long terme au déplacement forcé.» Bizo convient également que les camps de personnes réfugiées ne sont pas la meilleure solution, mais si des milliers de personnes réfugiées affluent dans les zones urbaines, ils auront besoin de beaucoup plus de soutien que ce qui est disponible actuellement.
L’équilibre entre le service aux personnes réfugiées et à la communauté locale
Bizo explique qu’il existe des organismes qui servent les personnes réfugiées et d’autres organismes qui répondent aux besoins des communautés locales, mais rarement un organisme qui cherche à faire les deux. Cela peut être un point de tension, en particulier pour certaines communautés locales qui peuvent se sentir « jalouses » des services que les personnes réfugiées peuvent recevoir et qu’elles ne reçoivent pas.
« Nous avons eu des cas où la communauté locale et les personnes réfugiées se sont battues pour des ressources limitées – une fois que nous avons appris cela et que nous avons observé que ce problème se posait, nous avons rapidement ouvert l’Afrikana pour tout le monde et pour les habitants locaux », explique Bizo.
Grâce à leurs programmes, l’Afrikana a travaillé pour briser cette barrière entre la communauté locale et les personnes réfugiées. L’organisme cherche à diviser ses services en 70 % pour les personnes réfugiées et 30 % pour la population locale.
« Nous leur avons enseigné les compétences que nous connaissions, puis certaines personnes ont maintenant ouvert leur propre entreprise », explique Bizo, « Et cela nous a permis de vraiment nous intégrer à la communauté locale ici [à Nairobi].
Il est également tout à fait logique de faire un travail qui renforce l’économie locale dans son ensemble en aidant à la fois la population réfugiée et la communauté locale, car cela créera une communauté meilleure et plus forte dans laquelle chacune et chacun pourra vivre, selon Bizo.
« Donc, si la communauté est confrontée à un défi d’insécurité, les personnes réfugiées vivant dans cette communauté sont confrontées au même défi », explique Bizo. « Maintenant, en dehors des défis normaux de toute personne vivant en ville, des personnes réfugiées ont, en tant que personnes réfugiées, leurs propres défis qui doivent également être relevés.»
La puissance du travail mené par les personnes réfugiées est irremplaçable
« Une personne réfugiée a été considérée comme une personne qui devrait toujours être du côté de l’accueil, une personne qui ne peut pas s’aider elle-même, une personne qui n’a aucune compétence, une personne qui est psychologiquement traumatisée et ne peut pas travailler, un fardeau pour le pays d’accueil », explique Bizo.
L’AFRIKANA veut supprimer cette perception et changer l’idée des personnes réfugiées que beaucoup de gens peuvent avoir. Nous voulons prouver qu’une personne réfugiée n’est pas un fardeau, c’est un atout, dit Bizo, ajoutant que les meilleures personnes pour faire ce travail sont les personnes réfugiées elles-mêmes.
Qu’il s’agisse de connaître les subtilités des dynamiques locales et de comprendre comment les gérer au mieux, ou de trouver la bonne solution de contournement lorsqu’il s’agit de politiques restrictives, les organismes dirigés par des personnes réfugiées comme l’AFRIKANA savent ce qu’il faut pour créer des programmes et des initiatives efficaces.
« La communauté internationale doit comprendre que les besoins des personnes réfugiées sont mieux pris en charge par les personnes réfugiées elles-mêmes. Et c’est pourquoi nous avons cette approche que nous préconisons, qui dit rien pour les personnes réfugiées sans personnes réfugiées », explique Bizo. « Oui, nous sommes des personnes réfugiées – nous avons peut-être perdu des propriétés, des objets ou d’autres biens ici et là, mais nous n’avons pas perdu la tête.»
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