Réflexion du Comité consultatif de la jeunesse du projet DREEM : C’est maintenant à nous
Se réveiller tous les jours après une bonne nuit de sommeil dans un lit douillet; avoir un travail décent; savoir que la pizza n’est pas seulement une image dans notre tête, mais un repas habituel; c’est ce que nous percevons généralement comme une vie décente. Au cœur de ce qu’on imagine être les efforts de chacun pour arriver à ce but, il y a l’histoire d’une personne réfugiée.
Les personnes réfugiées dans le monde entier se retrouvent à devoir accepter de vivre en tant que réfugiées non pas par choix, mais en raison des circonstances. Même celles qui étaient des personnalités en vue dans leur pays d’origine peuvent facilement devenir dépendantes du soutien d’une organisation. Cela est dû aux incidents qui les ont forcées à partir, et qui leur ont probablement fait perdre toutes leurs possessions. Face au nombre important de personnes devenues vulnérables, il s’est avéré très important d’avoir des organisations qui répondent à leurs besoins. Il se trouve que je fais partie de cette communauté appelée « personnes réfugiées ». Que j’aime ou non être étiqueté comme une personne réfugiée est un autre sujet, mais ce qui est important pour moi, c’est de comprendre et de croire que, alors que je suis maintenant dans un nouveau pays d’accueil, je dois continuer à trouver des moyens de survivre.
Perdre sa fortune, son travail ou même créer une entreprise : rien n’est facile quand on arrive dans un nouveau pays; ce n’est jamais de tout repos. Être une personne réfugiée s’accompagne de plusieurs défis; la survie passe principalement par des emplois au jour le jour, le revenu que les personnes réfugiées gagnent après avoir vendu leurs « vitenges » ou leurs arachides est si faible que même payer un loyer ou, à l’extrême, payer les frais de scolarité peut être difficile. En outre, l’accès limité à l’éducation, à l’autonomisation et aux opportunités d’emploi, les retards dans la réception des documents ou l’absence de documents, et l’accès aux soins de santé sont autant de problèmes auxquels les personnes réfugiées sont souvent confrontées.
Les organisations non gouvernementales ont essayé de soutenir et d’atténuer les difficultés des personnes réfugiées, mais cela n’a pas encore résolu nos problèmes. Les personnes réfugiées continuent de se sentir discriminées dans les écoles, sur les lieux de travail et dans les services fournis dans les pays d’accueil. Le discours sur l’inclusion et l’unité est nouveau et vise à permettre à tout le monde – y compris les personnes réfugiées – de faire partie de l’économie en leur donnant accès aux permis de travail et aux documents importants, ce qui signifie que les personnes réfugiées seront employées et pourront même soutenir la population locale si elles réussissent.
Je suis le produit de plusieurs personnes généreuses qui m’ont fait croire en moi. J’ai eu la chance de prendre la parole dans plusieurs forums sur l’importance d’inclure les personnes réfugiées dans la conception de programme. Actuellement, je suis président et dirige les partenariats de Youth Voices Community (YVC) – une organisation dirigée par des personnes réfugiées dont le principal objectif est de faire reconnaître les enjeux et les droits des personnes réfugiées dans le but de trouver de meilleures solutions. Nous offrons aussi des formations et soutenons les programmes liés à l’éducation. Je suis également titulaire d’une bourse DAFI et je considère cela comme une bénédiction puisque je poursuis des études en journalisme et en médias à l’Université de Nairobi, ce qui m’a motivé à m’aventurer dans une nouvelle entreprise sociale de médias connue sous le nom de Nawezaa. Naweza cherche à faire participer les jeunes, en particulier les personnes réfugiées et déplacées au Kenya, aux médias et aux conversations qui les habilitent à raconter leur histoire.
Cette année, le thème de la Journée mondiale des réfugiés – « Ensemble, on se soigne, on apprend et on rayonne » –, résonne vraiment en moi. Je partage ce sentiment et j’exprime mon appréciation du thème, car, en tant que personnes réfugiées, nous avons continué à faire face à de nombreux défis. Cependant, nous n’avons pas permis que cela définisse entièrement notre avenir. Nous gardons espoir et continuons à travailler très dur pour changer notre situation grâce à de nouvelles idées et à de nouveaux projets pour nous-mêmes et pour la communauté.
Je suis heureux d’avoir été sélectionné par concours comme membre du Comité consultatif des jeunes pour le projet DREEM (Displaced and Refugee youth Enabling Environment Mechanism), un partenariat prometteur entre la Fondation Mastercard et l’EUMC. Ce projet vise à assurer que les jeunes personnes réfugiées et déplacées, en particulier les jeunes femmes, ont accès à diverses opportunités en matière d’études postsecondaires, d’emploi digne et valorisant, d’entrepreneuriat et de leadership dans leurs communautés et ailleurs. Notre équipe, composée de personnes ayant une expérience vécue, fournit des conseils et des orientations à l’EUMC, à la Fondation Mastercard, aux leurs parties intéressées, et aux partenaires de programme dans trois domaines d’intérêt clés mis en lumière dans le cadre de référence pour les personnes réfugiées de la Fondation Mastercard :
- Inclusion dans l’éducation et soutien global
- Amélioration de l’accès aux opportunités économiques
- Renforcement des institutions et des écosystèmes
Faire partie du comité me permet de partager les histoires et les défis auxquels les personnes réfugiées de ma communauté sont confrontées et, surtout, de participer à une conversation visant à créer un meilleur avenir pour les jeunes personnes réfugiées, un avenir qui les accueille et les inclut, et un avenir qui offre davantage de projets d’éducation, d’autonomisation et d’amélioration des conditions de vie.
Je crois que C’EST MAINTENANT À NOUS, les personnes réfugiées, de montrer au monde que nous ne sommes pas des personnes qui dépendent de l’aumône, mais que nous sommes des personnes visionnaires, innovantes et engagées à transformer les expériences de vie difficiles en histoire inspirante de résilience et de changement pour nous-mêmes et pour la communauté que nous servons. Nos idées et recommandations devraient être reconnues et, ce faisant, les personnes réfugiées se sentiront aimées, habilitées, soutenues et, surtout, leurs défis trouveront des solutions. Je voudrais terminer cette histoire par l’une de mes citations préférées de Nelson Mandela, qui dit : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que ce soit fait » – les personnes réfugiées sont maintenant plus que jamais prêtes à rendre l’impossible possible.
Quand on parle de reconnaissance des personnes réfugiées et de leur travail, je ne vois pas de meilleure référence qu’Ariam Mogos, panafricaniste et membre du k12 Lab Futurist au Hasso Plattner Institute de Stanford, qui parle de reconnaître les différentes cultures et les enjeux qui les affectent et dit :
« Quand on croit, on devient, et l’énergie que “nous” avons suffi à montrer jusqu’où nous allons, même si nous venons de très loin. C’est moi, c’est eux, c’est nous. Ce sont toutes les personnes solidement unies sous le nom de “réfugiés” et diversifiées à travers le continent. »
Jean Marie Ishimwe
Membre du Comité consultatif de la jeunesse
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