Réflexion du Comité consultatif de la jeunesse du projet DREEM : Être une personne réfugiée ne nous empêche pas de penser et de travailler
Comme beaucoup de monde, j’avais un rêve : celui de devenir un diplomate chevronné. C’est pourquoi c’était clair, dès mon jeune âge, que j’allais étudier en relations internationales et diplomatie à l’université. J’étais extrêmement dévoué à mes études et je passais huit heures par jour à l’école, sans manger. Malheureusement, après seulement un an d’études postsecondaires, j’ai été forcé de quitter mon pays d’origine en raison de conflits causés par l’homme.
Quand je suis arrivé en Ouganda, après avoir tout quitté en 2012, à l’âge de 22 ans, je me suis installé dans le camp de personnes réfugiées de Nakivale. J’étais désespéré. Il était difficile de m’installer en tant que jeune garçon à cause des conditions éprouvantes, mais je devais rester concentré. Je me rappelais toujours une citation populaire : « Plus je travaille fort, plus j’ai de chance. » J’ai ressenti le désir de faire du bénévolat communautaire avec des agences humanitaires, qui œuvraient dans le camp. Ce n’était pas facile parce que mes compétences en anglais étaient très mauvaises. Afin d’exaucer mon souhait, je me suis inscrit dans un programme de trois mois dont l’objet était d’enseigner l’anglais à des adultes. Ainsi, j’ai amélioré mes compétences en langue anglaise. Après trois mois d’apprentissage, j’ai commencé mon premier emploi en tant qu’instructeur pour le Finish Refugee Council (FRC). Je suis devenu travailleur communautaire pour l’initiative Action for the Rights of Children (ARC) du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), et j’ai été élu président de Refugee Youth. Dans le cadre de mon travail, j’ai fait preuve d’intégrité, d’honnêteté et de discipline envers les autres personnes réfugiées ou intervenantes. En 2015, j’ai rejoint l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en qualité d’assistant sur le terrain. Par la suite, je suis devenu interprète pour l’OIM et l’UNHCR.
J’ai toujours été motivé par l’idée de devenir le porte-parole des sans-voix dans ma communauté et de militer en leur faveur. Animé par ma passion, j’ai fondé la Refugee Interpreters Association (RIA) en 2018. D’autres jeunes personnes réfugiées et moi avons offert des services d’interprétation professionnels par l’entremise de cet organisme, ce qui était pour nous une activité de subsistance. Nous avons répondu aux besoins de notre communauté en offrant ces services à des personnes nouvellement réfugiées au moment de leur enregistrement et pendant le processus de réinstallation. De plus, nous avons offert nos services dans des contextes juridiques, médicaux et communautaires. Grâce à nos services, nous avons appuyé et promu les droits des femmes et des jeunes filles. Notre organisme a également servi de plateforme pour former et accompagner de nouveaux interprètes et créer des occasions d’emploi pour les personnes réfugiées ou forcées de migrer.
Je suis actuellement président du Refugee Welfare Council (RWC), poste auquel j’ai été élu en 2019 pour un mandat de trois ans. Le RWC est une équipe de direction dans les installations de réfugiés, élue par la communauté réfugiée sous la supervision du bureau du premier ministre. L’équipe sert de lien entre la communauté réfugiée et les fournisseurs de services. Elle facilite le suivi de projets mis en œuvre dans les installations et tient les gestionnaires de programmes informés de l’avancement de ces mises en œuvre, de leurs avantages, de la pérennité des activités dans la communauté, ainsi que des lacunes et des points faibles. L’équipe du RWC est également responsable de la gestion des crises et des malentendus qui ne sont pas de nature criminelle et contribue également à la promotion de valeurs et de normes culturelles positives chez les personnes réfugiées.
Plus tôt cette année, j’ai eu la chance d’être sélectionné dans un concours pour devenir l’un des 12 membres du Comité consultatif de la jeunesse pour le projet DREEM (Displaced and Refugee youth Enabling Environment Mechanism), un partenariat prometteur entre la Fondation Mastercard et l’EUMC. Ce projet a pour objet de veiller à ce que les jeunes personnes réfugiées ou déplacées, surtout les jeunes femmes, aient accès à diverses opportunités en matière d’études supérieures, d’emploi digne et valorisant, d’entrepreneuriat et de leadership dans leurs communautés et ailleurs. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai pu donner des recommandations et des conseils à l’EUMC, à la Fondation Mastercard, aux parties intéressées, et aux partenaires des programmes sur l’inclusion dans l’éducation, le soutien global, l’amélioration de l’accès aux opportunités économiques, et le renforcement des institutions et des écosystèmes.
Je crois que nous sommes les personnes les mieux placées pour raconter nos propres histoires de persévérance et de recherche de solutions face aux obstacles.
J’aimerais d’abord encourager les personnes réfugiées à garder à l’esprit que tout ce que l’on fait, peu importe à quel niveau, nécessite de la préparation. Puis, je voudrais rappeler à ces chères jeunes femmes et à ces chers jeunes hommes que l’éducation est pour nous la clé qui nous ouvre les portes de la prospérité. L’éducation est la seule chose qui met femmes et hommes sur un pied d’égalité, peu importe leur statut et leur rang social, que ce soient des personnes réfugiées, déplacées ou migrantes. Lorsque l’on n’est pas concentré sur notre vision et nos objectifs de vie, on devient un danger pour soi-même. Être une personne réfugiée ne nous empêche pas de penser et de travailler. Si l’on fait un bon travail dans notre communauté locale ou dans notre installation ou camp, on se distinguera un jour au niveau national, puis en Afrique, puis ailleurs dans le monde parce que c’est là que la compétition se trouve.
Par conséquent, chères jeunes femmes et chers jeunes hommes, sachez qu’il y a un avenir où le monde cherche de nouvelles jeunes femmes et de nouveaux jeunes hommes, qui font preuve de discipline – la discipline étant au cœur de notre identité, peu importe notre niveau d’éducation ou notre richesse. Si l’on ne sait pas faire preuve de discipline, alors on est un danger pour la société. J’encourage ces chères jeunes femmes et ces chers jeunes hommes à faire preuve de discipline pour qu’elles et ils puissent devenir de bons citoyens et citoyennes du monde.
Le monde a besoin de jeunes femmes et de jeunes hommes humbles. L’humilité est la pierre angulaire de l’excellence.
Nous devons nous poser une question : sommes-nous prêt.e.s pour l’avenir? En marchant dans notre pays ou ailleurs, on découvre qu’il existe de nombreuses possibilités, mais qu’elles sont réservées à celles et ceux qui ont été préparé.e.s et qui ont les capacités requises. Nous vivons dans une société où tout le monde croit qu’il est nécessaire d’avoir un diplôme universitaire pour obtenir un emploi – que c’est indispensable. Cependant, le monde cherche maintenant des jeunes femmes et des jeunes hommes qui savent innover et créer – des personnes innovantes et créatrices, qui seront elles-mêmes des créatrices d’emplois. Peu importe vos talents, cultivez-les, car ils ont le potentiel de vous rapporter de l’argent.
Debaba Maarifa Junior
Membre du Comité consultatif de la jeunesse
Projet DREEM Initiative quinquennale, le projet DREEM (Displaced and Refugee Youth Enabling Environment Mechanism) est financé par la Fondation Mastercard, qui s’affaire à créer des conditions favorables à l’inclusion des jeunes personnes réfugiées et déplacées, surtout les jeunes femmes, afin qu’elles puissent participer pleinement à la société. Le Comité consultatif de la jeunesse est composé de jeunes réfugié.e.s, dont le rôle est de fournir une orientation au projet DREEM afin de réaliser les objectifs de la Fondation et de veiller à ce que les activités DREEM soient conçues et mises en œuvre de manière à satisfaire les besoins des jeunes personnes réfugiées et déplacées.
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