Réflexion du Comité consultatif de la jeunesse du projet DREEM : Exclure les personnes réfugiées du marché du travail et du secteur économique nuit à leur santé
Bonjour, je m’appelle Christine Achot Dior. Je suis une réfugiée urbaine du Soudan du Sud et je vis à Nairobi, au Kenya. Avant de m’installer à Nairobi, j’ai habité au camp de personnes réfugiées de Kakuma pendant un bon nombre d’années. J’ai œuvré bénévolement auprès des personnes réfugiées pour le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et au Resettlement Support Center (RSC) Africa en tant qu’interprète pendant sept ans. J’ai aussi exercé les fonctions d’agente de soutien sur le terrain pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et j’avais comme mission de mener des enquêtes au sujet des personnes réfugiées du Soudan du Sud dans les centres urbains du Kenya, afin de brosser un portrait de leurs obstacles. De plus, j’ai été une jeune leader active dans ma communauté et la présidente d’un organisme pour les jeunes réfugié.e.s. Toutes ces expériences m’ont exposée aux nombreux défis fondamentaux auxquels les personnes réfugiées sont confrontées chaque jour.
L’un des plus grands défis auxquels les personnes réfugiées font face est le manque d’inclusion dans le marché du travail et le secteur économique au Kenya. La majorité des personnes réfugiées au Kenya sont confinées dans des camps surpeuplés, notamment ceux de Dadaab et de Kakuma. Au fil des ans, le nombre de personnes réfugiées résidant dans des centres urbains au Kenya a nettement augmenté. L’UNHCR estime que 16 % des 508 033 personnes réfugiées ou demandeuses d’asile au Kenya vivent dans des centres urbains.
D’après mon expérience, les personnes réfugiées qui vivent dans des centres urbains et celles qui vivent dans des camps de personnes réfugiées isolés et pitoyables font face à des difficultés similaires lorsqu’il est question d’inclusion dans le marché du travail et le secteur économique. L’exclusion des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile est un processus systémique. D’abord, l’accès à une éducation de qualité est restreint pour les personnes réfugiées, surtout les filles. Le programme d’éducation dans les camps de personnes réfugiées s’arrête au niveau secondaire. Pire encore, les écoles primaires et secondaires sont souvent bondées et manquent de ressources, soit de personnel chevronné et de fournitures scolaires. Pour faire des études supérieures, les jeunes réfugié.e.s doivent se battre pour un nombre limité de bourses universitaires, ce qui laisse un grand nombre de jeunes réfugié.e.s coincé.e.s au niveau secondaire. Avec une éducation limitée, ces jeunes restent sans emploi.
Puis, l’exclusion des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile du marché du travail et du secteur économique se fait en refusant systématiquement de leur délivrer un permis de travail légal. Une pièce d’identité étrangère qui était censée être un document juridique leur offrant une mobilité socioéconomique a été déclarée inutile. Ce document d’identité ne leur permet pas d’ouvrir et de gérer un compte bancaire, et c’est un problème particulièrement pour les personnes réfugiées en centres urbains. Même si elles sont bien éduquées, la vaste majorité des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile font face à ces barrières qui les empêchent d’être incluses dans le marché du travail et le secteur économique.
Toutes ces difficultés affectent la santé mentale et physique de beaucoup de personnes réfugiées ou demandeuses d’asile au Kenya. C’est que lorsqu’elles n’ont pas de revenu, leur accès à des services de soins de santé de qualité est restreint, car elles ne sont pas en mesure de payer pour les traitements.
Je crois qu’il est temps que le monde redéfinisse la manière dont on peut offrir des occasions équitables et décentes aux personnes réfugiées pour qu’elles puissent contribuer activement à l’économie mondiale.
Je crois que le projet DREEM (Displaced and Refugee youth Enabling Environment Mechanism) – un partenariat prometteur entre la Fondation Mastercard et l’EUMC – est essentiel pour veiller à ce que les personnes réfugiées et déplacées, surtout les jeunes femmes, aient accès à diverses opportunités en matière d’études supérieures, d’emploi digne et valorisant, d’entrepreneuriat et de leadership dans leurs communautés et ailleurs.
Je fais partie des 12 membres du Comité consultatif de la jeunesse pour le projet DREEM. Je crois que le mandat de ce projet visant à donner aux personnes réfugiées et aux populations déplacées les moyens d’accéder à une éducation de qualité, à des opportunités d’emploi et à des moyens de subsistance est une tâche importante qui nécessite beaucoup de temps et qui préparera le terrain pour que bien d’autres parties intervenantes puissent unir leur force. Je suis ravie de participer au projet DREEM en tant que membre du Comité consultatif de la jeunesse.
Christine Achot Dior
Membre du Comité consultatif de la jeunesse
Projet DREEM
Initiative quinquennale, le projet DREEM (Displaced and Refugee youth Enabling Environment Mechanism) est financé par la Fondation Mastercard, qui s’affaire à créer des conditions favorables à l’inclusion des jeunes personnes réfugiées et déplacées, surtout les jeunes femmes, afin qu’elles puissent participer pleinement à la société. Le Comité consultatif de la jeunesse est composé de jeunes réfugié.e.s, dont le rôle est de fournir une orientation au projet DREEM afin de réaliser les objectifs de la Fondation et de veiller à ce que les activités DREEM soient conçues et mises en œuvre de manière à satisfaire les besoins des jeunes personnes réfugiées et déplacées.
L’EUMC travaille à créer un meilleur monde pour tous les jeunes. Pour en apprendre davantage, commencez ici ou abonnez-vous pour recevoir les faits saillants directement dans votre boîte de réception. Le volontariat international vous intéresse ? Consultez nos opportunités actuelles. À la recherche d’une nouvelle possibilité professionnelle ? Consultez nos offres d'emploi actuelles. Ou montrez votre soutien à notre cause en faisant un don.