Retour à l’école
Au cours de la dernière année et demie, la pandémie de la COVID-19 a transformé notre existence de manière complexe. Des recherches montrent que, lorsqu’une catastrophe survient, les femmes et les filles font partie des personnes les plus vulnérables et les plus durement touchées, et la pandémie l’a aussi prouvé. Des millions de femmes et de filles ont quitté le marché du travail afin d’offrir des soins à une autre personne, alors que plusieurs autres millions de femmes et de filles ont été forcées d’occuper des emplois plus instables ou précaires pour subvenir aux besoins de leurs familles. Selon les recherches sur l’épidémie du virus Ebola en Afrique occidentale et les leçons que l’on en a tirées, il était clair que les filles, en particulier, allaient être grandement affectées par la fermeture des écoles, mais nous n’avions aucune idée de la durée de ces fermetures et de l’étendue des dommages qui allaient découler de cette pandémie.
Au Kenya, où l’EUMC travaille depuis plus de 40 ans, les filles et les jeunes femmes sont devenues encore plus vulnérables pendant la pandémie parce que l’endroit où elles étaient auparavant le plus en sécurité – l’école – était fermé. Le Population Council a rapporté que près de 97 % des apprenantes et apprenants au Kenya ont indiqué avoir eu de la difficulté à accéder au matériel d’apprentissage pendant la pandémie de la COVID-19. Près de la moitié des adolescentes et des adolescents au Kenya ont signalé avoir ressenti des symptômes de dépression. Dans l’ensemble du pays, 16 % des filles et 8 % des garçons ne sont pas retournés à l’école lors de la réouverture des classes en janvier 2021.
Dans la communauté de Kalobeyei, le camp de personnes réfugiées de Kakuma et les communautés d’accueil environnantes où le projet Learning through Education and Access to Skills for Employment (LEAP) est mis en oeuvre, ces vulnérabilités se sont extrêmement accentuées en raison de la combinaison des taux élevés de pauvreté, de l’accès réduit aux services, du statut de personnes réfugiées, et de la prestation de services éducatifs surpeuplés ayant un manque criant de ressources. Le Comité international de secours a indiqué que le nombre de grossesses précoces a triplé chez les adolescentes dans ces régions par rapport à la même période avant la pandémie de la COVID-19. Les adolescentes tombées enceintes ont rencontré des problèmes comme « l’inactivité, le manque d’argent dans les ménages, la pression sociale, l’exposition à la violence et l’accès difficile à des services de planification familiale », et presque toutes les filles tombées enceintes pendant cette période ont affirmé que leurs grossesses n’étaient pas prévues. Bon nombre d’entre elles ont confié qu’elles se sentaient « honteuses » et « mal à l’aise » en présence de leurs pairs, tandis que la plupart d’entre elles étaient susceptibles de mettre un terme à leurs études ou d’avoir de la difficulté à se concentrer en classe.
Renforcer l’autonomie de nos filles, c’est aussi protéger leur situation actuelle
Face à ces circonstances difficiles, l’EUMC a adapté ses programmes afin d’appuyer les filles et les jeunes femmes réfugiées vulnérables avec qui nous travaillons, notamment en facilitant l’accès à des programmes d’éducation diffusés à la radio et en faisant des transferts de fonds dans le but de soutenir les familles et de réduire les risques de mariage précoce chez les filles.
Lorsque les écoles ont rouvert leurs portes à Kalobeyei et à Kakuma, le personnel de l’EUMC a pu mieux comprendre comment les transferts de fonds ont aidé les filles pendant cette période difficile et augmenté les probabilités qu’elles retournent à l’école. Des données tirées d’un des projets* de l’EUMC à Kakuma montrent que les filles qui ont reçu des transferts de fonds lorsque leurs écoles étaient fermées sont retournées en classe beaucoup plus rapidement que les filles qui n’en avaient pas reçus : l’assiduité scolaire des filles qui ont reçu des transferts de fonds était 10 % plus élevée que celle des filles qui n’en avaient pas reçus. Puis, 87 % des filles qui ont reçu des transferts de fonds sont retournées à l’école immédiatement. Même si les filles dans ce contexte font face à un éventail de défis complexes, il s’agit d’une amélioration de 3 % par rapport au pourcentage national de filles qui ne sont pas retournées à l’école. Les familles ont déclaré avoir utilisé les transferts de fonds pour :
- financer l’accès à l’éducation, soit en payant pour des cours privés, du matériel de révision avant les examens ou des uniformes scolaires (35 % des familles);
- acheter de la nourriture, des vêtements et d’autres articles personnels de première nécessité (33 % des familles);
- veiller à ce que les filles aient accès à des serviettes hygiéniques et à ce qu’elles soient en mesure de se procurer des médicaments et de l’équipement de protection comme des masques (17 % des familles).
Cependant, la collecte de données menée par l’équipe du projet LEAP a démontré que les grossesses précoces sont encore un sujet de préoccupation critique dans les contextes dans lesquels se déroulent nos projets. Les responsables d’école ont signifié l’importance capitale d’assurer un suivi auprès des filles qui ont décroché depuis la fermeture des écoles pendant la pandémie, et de travailler avec elles et leurs familles afin de les faire retourner à l’école et de s’assurer qu’elles y restent.
« […] je dirais tout d’abord qu’en raison de la longue pause due à la COVID, il y a 26 filles de mon école qui ne sont pas revenues en classe à cause de grossesses précoces. », a dit un responsable d’école.
Il est clair que, bien que les transferts de fonds ont contribué positivement à la vie de nombreuses adolescentes et jeunes femmes dans nos programmes, il reste beaucoup à faire. En réponse aux sérieuses répercussions de la COVID-19 sur les moyens de subsistance et le bien-être des filles et des jeunes femmes, l’EUMC est en train de développer une nouvelle approche de mobilisation communautaire afin d’assurer aux filles et aux jeunes femmes une place au cœur de notre initiative. Nous nous servirons du pouvoir du soutien entre pairs afin de joindre de jeunes mères et des adolescentes enceintes dans la communauté et dans l’école pour leur fournir un environnement sûr où elles pourront exprimer leurs besoins et leurs aspirations. Si elles vont à l’école, nous les équiperons adéquatement pour qu’elles y restent et qu’elles réussissent leurs études. Si elles ne vont pas à l’école, nous les aiderons à négocier avec leurs familles pour veiller à ce qu’elles aient le soutien nécessaire pour retourner à l’école et qu’elles se sentent à l’aise de s’affirmer dans des situations pendant lesquelles elles pourraient se sentir honteuses ou dévalorisées. Ce travail de mobilisation communautaire entraînera des discussions très importantes avec les filles et les familles sur leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive, la violence fondée sur le genre, la violence sexuelle et la réduction de la stigmatisation des jeunes mères.
Nous voulons aider les filles et les jeunes femmes à reconnaître leurs droits, leur pouvoir et leur capacité d’agir, et à faire valoir leurs compétences pour s’assurer un meilleur avenir. Lorsque les filles et les jeunes femmes incarnent leur pouvoir et que leurs familles et leurs communautés reconnaissent et saluent leurs droits et leur capacité d’agir, rien ne peut les arrêter.
L’EUMC remercie Affaires mondiales Canada pour son généreux appui au projet LEAP (2019-2024), qui créera des conditions propices à l’autonomisation de plus de 6500 filles réfugiées ou établies dans des communautés d’accueil au nord du Kenya grâce à des services éducatifs de grande qualité, des formations professionnelles axées sur les besoins du marché du travail et une mobilisation communautaire massive. Cette initiative ne serait pas possible sans le soutien d’Affaires mondiales Canada.
*Ces données proviennent du projet KEEP (Kenya Equity in Education Project), qui oeuvre dans les camps de personnes réfugiées de Dadaab et de Kakuma et dans les communautés environnantes. Ces données sont très comparables au contexte du projet LEAP puisque les deux projets sont réalisés dans le camp de personnes réfugiées de Kakuma et dans la communauté d’accueil environnante.
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